La forteresse de Domeyrat

C'est un de mes château préféré car le premier à l'assaut duquel je me suis lancé.
Mon éducation s'est autour d'une vision assez romantique (au sens du XIXe) du Moyen-Age. Dans les traces de Viollet le Duc (dont l'iconographie a berçé mon enfance), je me suis dès mon adolescence lancé à la découverte des châteaux notemment du pays Brivadois. Et Domeyrat en a été le premier.

A une époque où je ne disposais que de mes jambes pour marcher et faire avencer mon vélo, j'étais parti de Vieille-Brioude par les gorges de la Senouire et Lavaudieu.


Je l'ai exploré à l'image d'un aventurier en escaladant le rempart nord, et la découverte se fit en silence pour ne par me faire entendre des autochtones.

Un article intitulé Le château de Domeyrat, exemple accompli de «donjon résidence» de plan cantonné  et signé Christian Corvisier (Cahiers de la Haute-Loire, p. 117-224, année 2007) nous apprend que les premiers propriétaires de leix furent les Papaboeuf  dont la première mention remonte à 1114 dans un manuscrit de Sauxillanges où cette abbaye se voyait remettre des terres. Celle du château en tant que telle apparaît dans le recensement des vassaux d'Alphonse de Poitiers (dréssé entre 1250 et 1260). Astorgius et son fils Bertrand de Papabeuf rendent alors hommage au château de Domeyrat.


Au cours de son histoire, plusieurs propriétaires se sont succédés :

  • Les Papaboeuf jusqu'en 1348 où la famille s'éteind (certains avances qu'elle subit les méfaits de la peste noire qui décima les population en Europe au XIVe siècle) ;
  • Les seigneurs et habitants de lieux comme le cardinal de Laon Pierre de Montaigut (évocation en 1368), Catherine de Châteauneuf en 1375 avec Adhémar Jory, à qui elle cède alors la moitié de la terre lui appartenant. La vente ne mentionne que des terres de Domeyrat et suggère la possibilité de l'abandon du château, victime parmi d'autres des troubles provoqués par la Guerre de Cent Ans ;
  • L'acquisition par la famille de Langheac remonte à 1387 date à laquelle Pons de Langheac alors sénéchal de la province devient seigneur de Domeyrat. Son fils Jean de Langheac lui succède comme sénéchal d'Auvergne en 1419 et hérite de la seigneurie en 1421. Marguerite Gouges de Charpaigne, nièce de Martin Gouges, évêque de Clermont. Et sous l'influence de celui-ci, l'édifice bénéficie d'un remaniement considérable, entre 1431 et 1435. On dit de lui qu'il est le second bâtisseur du château, d'où les nombreuses confusions sur la date de construction originale. De successions en successions, la famille de Langheac reste propriétaire jusqu'en 1619, date à laquelle s'éteint la dernière descendante Françoise de Langheac. Par son mari, Domeyrat passe dans les biens de la famille de la Rochefoucauld. Après avoir agrandi le domaine en 1591, Françoise de Langheac et Jacques de la Rochefoucauld laissent Domeyrat à leur fils. D'abord co-seigneurie entre Charles-Ignace héritier du titre et François à qui revient la jouissance du fief et qui sera l'un des derniers seigneurs résidant au château. Son héritier, Henry de la Rochefoucauld, établi à Brassac ; grevé de dettes, il vend Domeyrat en 1656 à Christophe de Beaune ;
  • Progressivement, le château est délaissé. Criblé de dettes, le dernier seigneur l'abandonne à ses principaux créanciers : François-Marie et Louis François Marie Fargès en 1773. Le domaine est agrandi, bien qu'ils n'y résident pas. Après leur décès, en 1790 et 1792, les filles mineures héritent de Domeyrat ;
  • La Révolution impose d'importantes transformations. Le domaine est partagé entre trois communes : Domeyrat, La Chomette et Montclard puis mis en vente sous forme de lots de 1793 à 1795. Parallèlement, son démantèlement a lieu en 1794 ;
  • Le Conseil Général de la Haute-Loire a racheté le monument à différentes familles ; il est classé monument historique depuis le 30 décembre 1983.



D'un point de vue architectural, le château de Domeyrat est un château du XVe siècle, dont la partie inférieure pourrait remonter au XIIe siècle. C'est un donjon-résidence de plan cantonné, constitué d'un donjon rectangulaire flanqué à chacun de ses angles d'une tour ronde. La seconde enceinte constituée de tours et de courtines a disparu. De plan rectangulaire, il est cantonné de quatre tours circulaires et d'une tour carrée aux angles arrondis. Il est entouré d'une enceinte polygonale à tours rondes chemisant une partie du corps central. Au nord, une tour protégeait  le côté le plus vulnérable de la forteresse.

Deux des tours conservent des vestiges de peintures, l'une ornée de scènes de chasse, d'amours et d'arabesques du XVIe siècle, l'autre de scènes religieuses du début du XVIIe siècle.

Les travaux de monsieur Stephan Manciulescu, Architecte en Chef des Momuments Historiques, nous indique que " ... la fortification médiévale avait été remaniée et chemisée, pour la garantir sa défense "moderne" tout en assurant un confort de vie exceptionnel dans deux étages nobles, en plus du rez-de-cour. Même les salles des gardes dans les tours, au niveau du grand comble, avaient des cheminées. L'ensemble a subi des dommages majeurs, les étages intérieures ont disparu sauf aux tours, les murs du château et des chemises sont dégradées. Comme bien national, il avait été vendu à la révolution, et a servi de "carrière" : les escaliers, embrasures et cheminées avaient été démontés, laissant des trous béants." Il propose de plus diverses plans et vues du château qui permettent de se rendre compte de la compléxité de l'édifice et des différents stades de la construction.

Les diverses plans est photos ci-dessous sont issus de l'Atelier DITSCH spécialisé dans le dessin pour la restauration du patrimoine.

*** Plan au niveau de la cour intérieure ***




*** Vue dessus ***


*** Vue de l'Est ***




*** Vue du Sud ***






*** Vue Ouest ***






*** Vue Nord ***




*** Vues de l'intérieur ***



En résumé, voici la descritption de l'édifice dans la notice d'oeuvre concernant le château de Domeyrat tirée de la base Mérimée :

" Ce château du 15e siècle se présente comme un rectangle flanqué à chacun de ses angles d'une tour ronde élevée. Il était entouré d'une deuxième enceinte comprenant tours et courtines. Le bâtiment accolé en saillie à la face nord comprend deux pièces séparées qui pouvaient servir de latrines. Les moëllons et la maçonnerie semblent indiquer trois époques de construction, superposées en hauteur. La partie inférieure pourrait remonter au 12e ou 13e siècle. Le château ne comportait aucune cour intérieure. Son entrée paraît avoir été située au sud-ouest, protégée par une sorte de barbacane. La tour d'angle nord-ouest et celle du sud-ouest conservent des vestiges de peintures du 16e siècle, représentant des scènes de chasse, des amours et des arabesques pour la première ; des scènes religieuses du début du 17e siècle pour la seconde. L'édifice a été démantelé en 1794".


Le plan annonce une construction en deux étapes. Au milieu du XIIIe siècle, on construisit le noyau central  et ses quatres tours. Puis, au XVe siècle, l'aménagement des cinq niveaux, le cloisonnement en trois ou quatre pièces par étage, chaufffées par des cheminées monumentales, en font une résidence luxueuse.

La répartitions des pièces du château alors se faisait ansi :
  • Au premier niveau, les réserves ;
  • Au second niveau, les cuisines, un four à pain et une sompteuse salle de chasses ornée de peintures ;
  • Les troisième et quatrième niveaux abritent alors l'habitation du seigneur, celle de sa famille, ainsi que l'oratoire décoré de peinture encore visibles. Les chambres des tours sont voutées en hexagone et éclairées par de larges baies à meneaux dont les piliers ont disparus ;
  • Au cinquième niveau, l'acceès au chemin de ronde et au mâchicoulis ;
  • Dernier raffinement, la tour carrée (située entre les tour nord-est et nord-ouest), est réservée aux latrines et aux cabinets d'aisance (deux par étage), permettant de concilier la fonction féodale et défensive avec les aménagements rafinés de cette noble demeure ;

Les peintures murales du château de Domeyrat

Très mutilées, elles furent réalisées vers 1600 à l'initiative de Françoise de Langhac, après son mariage en 1598 avec Jacques de la Rochefoucauld. Occupant deux étages de l'une des deux tours, elles sont les témoins fragilisés d'une décoration qui dut être somptueuse. Le premier ensemble se compose de cinq cartouches décorés de scènes de chasse au sanglier, au faucon et à courre, suivant des motifs inspirés de planches gravées vers 1540 par l'italien Antonio Tempesta. Tout autour, architecture à l'antique en trompe l'oeil, tentures angelots, rinceaux (girlandes de fleurs) et vols d'oiseaux. A l'étage supérieur, des peintures plus tardives décorent les murs de ce qui dut être un oratoire : on y reconnaît une Pentecôte, une Annonciation et un collège de Saints difficelemnt identifiables.
Les illustrations ci-dessous concernant les peintures des tours nord-ouest et sud-ouest sont prises sur le site http://www.culture.gouv.fr/

Tour Sud-Ouest



1/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Annonciation
1ère Moitié du XVIIe siècle



2/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Sainte Trinité
1ère Moitié du XVIIe siècle





3/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Le Ciel, détail
1ère Moitié du XVIIe siècle


4/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Le Ciel, détail des élus
1ère Moitié du XVIIe siècle


5/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Le Ciel, élus
1ère Moitié du XVIIe siècle




6/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Le Ciel, élus
1ère Moitié du XVIIe siècle




7/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Le Paradis, les prophètes
1ère Moitié du XVIIe siècle





8/ Tour Nord-Ouest
Figure allégorique
1ère Moitié du XVIIe siècle





8/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
La Pentecôte
1ère Moitié du XVIIe siècle





9/ Tour Sud-Ouest
Chapelle
Scène religieuse
1ère Moitié du XVIIe siècle




10/ Tour Nord-Ouest
Relevé de la frise de la tour nord-ouest

1ère Moitié du XVIIe siècle





11/ Tour Nord-Ouest
Relevé de la frise de la tour nord-ouest

1ère Moitié du XVIIe siècle





12/ Tour Nord-Ouest
Relevé de la voute : scène de chasse

1ère Moitié du XVIIe siècle
































13/ Tour Nord-Ouest
Ensemble peint de la voute
1ère Moitié du XVIIe siècle

 


14/ Tour Nord-Ouest
Frise du mur peint
1ère Moitié du XVIIe siècle


 
15/ Tour Sud-Ouest
Ensemble de la voûte de l'ancienne chapelle : figures  féminines
1ère Moitié du XVIIe siècle


 
16/ Tour Sud-Ouest
Ensemble de la voûte de l'anciennne chapelle : figures féminines
1ère Moitié du XVIIe siècle



17/ Tour Sud-Ouest
Ensemble de la voûte de l'anciennne chapelle : figures féminines, Trinité
1ère Moitié du XVIIe siècle

 
17/ Tour Sud-Ouest
Peinture murale du mur de l'ancienne chapelle : Pentecôte
1ère Moitié du XVIIe siècle


 
18/ Tour Sud-Ouest
Peinture murale du mur de l'ancienne chapelle : Annonciation
1ère Moitié du XVIIe siècle



19/ Tour Sud-Ouest
Peinture murale du mur de l'ancienne chapelle : scène religieuse
1ère Moitié du XVIIe siècle









































































































































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